Poèmes et textes coups de coeur
Cet article sera voué aux coups de coeur : poèmes, prose... tout ce que vous aurez envie de m'envoyer.
Voici quelques poèmes reçus. J'ai éprouvé le désir de les partager avec vous. Les derniers envoyés seront désormais les premiers... pour la lecture !
En ce mois de novembre 2016, vient de paraître aux Editions de l'Aiguille, le dernier recueil de haïkus d'Anne Brousmiche dont le thème est la Normandie sous différentes formes : chemins creux, ciel, mer, jardins, villages... "Des iris sur un toit" réunit pour nous quelques perles ou diamants cueillis au fil d'une année en Normandie, de La Manche à la Seine-Maritime. De plus en plus, la poétesse laisse de côté le rythme 5-7-5 du haïku traditionnel. Sur ce sujet, la polémique reste ouverte... Mais après tout, parfois ne vaut-il pas mieux s'éloigner (un peu) de la règle pour donner une meilleure âme au poème ? Tout est question de point de vue !
Voici quelques textes de ce nouveau recueil que l'on peut acquérir auprès de www.leseditionsdelaiguille.blogspot.com ou dans toute bonne librairie, au prix de 14 euros :
Pas un nuage
le ciel mis à nu
grelotte au vent
Jour de pluie
à peine levé
le soleil se recouche
Brume de mer
les mouettes se contentent
de miettes de soleil
Lune noire
Qui va moissonner
les gerbes d'étoiles ?
Le vent sème
des fleurs d'écume
sur les galets gris
Quai du Havre
le soleil promène
son œil de cyclope
Début d'orage
claque plus sec
le vol des martinets
neige au printemps
le bocage se couvre
de fleurs de coton
givre tardif
les saules couverts
du duvet des chatons
Planches de Deauville
les parasols ouvrent la marche
en file indienne
Sur la plage un peintre
attire l'horizon
dans sa toile
Arc-en-ciel sur l'eau
une bécassine
le gobe bien vite
xxxxxx
Voici quelques haïkus d'Anne Brousmiche (2014)
Les deux premiers ont été primés par Short éditions dans le cadre du Printemps du haïku 2014.
Courses de vélo
deux parasols applaudissent
au bord de la route
"Le Tour de France"
Prix du meilleur haïdjin "Printemps du haïku 2014, Short Edition"
Cahier de rentrée
l'enfant ouvre un parasol
dans la page blanche
Prix du meilleur haïdjin - L'école
"Printemps du haïku 2014, Short Edition
Quoi qu'il en soit, notre préférence irait davantage vers...
Cadeau de l'été
la nuit m'offre un parasol
d'étoiles filantes
Couvert de poussière
un vieux parasol retient
mes rêves d'enfant
Vague de chaleur
une mer de parasols
inonde la plage
4 nouveau haïkus signés Anne Brousmiche. Vous en trouverez d'autres un peu plus bas ainsi qu'une présentation d'Anne Brousmiche...
S'abreuver
au sein si doux
de la voie lactée
Lune noire
Le cri blanc
d'une chouette
Vendanges en Bourgogne
des nuages en grappes glissent
sur les toits vernis
Même le jour pleure
La lumière qui s'éteint
Pluies d'automne
Mer de couleur
Une perle de lune
est tombée dans la mer
Aussitôt naît l'écume
sur des vagues en colère
Une plume d'hirondelle
monte jusqu'à l'azur
fait briller le soleil
et sa cousine lune
Une goutte de soleil
sur le sable argenté
met l'oiseau en éveil
près des galets dorés
Avant d'être touchée
de lumière étoilée
la Normandie si gaie
chante à toute volée
Malherbe de la poésie - Prix spécial - 10 ans
Concours Malherbe de la Poésie (Dix ans - 2001-2011)
Société des Ecrivains Normands.
Je suis lasse
et le temps qui passe
n'efface rien
Toutes nos rancoeurs
restent au fond de nos coeurs
Point de "Pardon"
Point d'"oublions"
j'ai trop de haine
j'ai trop de peine
pour pouvoir chasser les années
si lourdes de mon passé
et oublier
Ce que je voudrais entendre, c'est un "Excuse-moi.
Je ne voulais pas ça pour toi.
Sache pourtant que je vous ai aimées.
J'ai tant de choses à me faire pardonner.
J'aurais tant de choses à te dire.
Voudrais-tu seulement m'écouter ?
Je sais bien que j'ai tout gâché
et sans vraie raison expliquée."
Mes trois saisons...
Au petit matin d'été,
le soleil est coquin.
Il fait son petit malin
c'est certain.
Et puis, le ciel devient tout gris
La pluie arrive, c'est parti !
L'automne est là, je suis toute rabougrie
Je suis fatiguée, l'été est fini...
Vivement l'hiver et les fêtes de Noël,
tous ces moments où mes yeux s'émerveillent
devant les chutes d'une neige qui ne sera pas éternelle
et je reste près du sapin qui étincelle.
Delphine Toutain
Delphine travaille avec moi depuis près de deux ans maintenant. Elle a participé aux deux ateliers proposés par la médiathèque d'Elbeuf-sur-Seine (2010 et 2011) et elle est très fidèle aux ateliers réguliers (bimensuel du vendredi et Voyages du Samedi) .
La photographie
Image d'un instant
Unique jaillissement
Eclair dont l'intensité et la brièveté
sont insaisissables
et dont le caractère éphémère
nous laisse un goût de mélancolie...
L'image ainsi ralentit le temps
de nos évolutions
Elle nous permet de nous remémorer
chaque fois que nous le regardons
l'instant privilégié.
Elle ramène le passé dans notre présent
et nous le redonne à voir.
Chaque fois que nous le voudrons,
elle nous le redonnera dans le futur
dans le jour infini de notre désir
et de notre mémoire,
comme un miroir d'espoir
(Les Hauts de Clères)
Le soleil brille en ce matin d'été
"Ecris-leur un poème" me dis-je à son lever
Alors, j'ai appelé Baudelaire, Mallarmé
Que sais-je encore... Ronsard
A tout hasard...
Leur muse est restée muette.
Alors, j'ai réfléchi - interpelé Vigny
Mais, il ne m'a rien dit.
Que faire ? Prendre quel parti ?
Entre les mots, pour les unir
en choisir deux
Et leur offrir : "Soyez heureux"
Jean-Serge Seiler
(poète et artiste peintre. J'ai écrit un texte sur l'oeuvre de Jean-Serge Seiler qui figure sur le site www.art-culture-france.com - rechercher Jean-Serge Seiler).
et aussi...
Rose sauvage
Eclose au blanc balcon de son cottage
Fleurie là, pour ton passage
Fleur admirée,
Elle fut volée
Et puis jetée
Du petit pont de son village
Dans la rivière au long rivage
Très loin là-bas,
Au fil de l'eau
Comme un nuage
Jamais ne reviendra
La rose sauvage
"A Clères, nous dit-il, un jour j'ai vu une fleur s'en aller au fil de l'eau dans le reflet des nuages".
Voici un choix de haïku signés Anne Brousmiche
Séisme au Japon
Des mains s'agrippent à l'espoir
de revoir l'été
Mes gants en fourrure
prennent leur quartier d'hiver
dans un grenier froid
Je ne peux garder
la coccinelle sur ma main
ma jeunesse non plus
Dans le livre ouvert
un parfum de mimosa
qui jaunit mes doigts
Le soleil s'enfonce
dans les marais ; il a l'oeil
bleu-vert du Cyclope
O Golfe du Lion !
Songes-tu au Cap-Horn
Quand la mer rugit ?
Ciel noir de tempête
Un goéland argenté
se moque du vent
Quittant son duvet
d'écume tiède, soudain
Le soleil se lève
Dans la pénombre
un phare sur la falaise
répond aux étoiles
Au petit matin
sous la souche d'amandier
un lézard grelotte
Anne Brousmiche travaille depuis plusieurs mois sur le rythme 5/7/5 du haïku. C'est une forme poétique qui lui convient bien.
Elle m'envoie ses textes par internet et je l'aide à corriger les petites choses qui "clochent". Elle est aussi la secrétaire de l'assocation rouennaise "22, rue des Poètes".
Je connais Anne depuis pas mal d'années maintenant. Nous nous
sommes rencontrées dans le cadre du travail, au Musée National de l'Education (Rouen), cadre aussi d'un atelier d'écriture proposé à une classe de collégiens rouennais (... terribles !). D'autres ateliers ont suivi, toujours avec des jeunes, classes ou groupes formés à l'occasion d'un atelier ouvert pendant les périodes de vacances. Bref, Anne a toujours beaucoup soutenu mon travail et je l'en remercie beaucoup !
Inutile de préciser que très vite, elle est devenue avant tout, une amie !
Quelques aphorismes...
Avant même de prétendre donner, il faut d'abord apprendre à recevoir.
Minuscules sont nos conquêtes. La bienveillance seule nous grandit qui nous vaut l'amitié des âmes.
La réalité dépasse l'affliction.
Ils se flattent, ils se congratulent, s'ensevelissent sous les compliments, comme si cela devait rehausser leurs mérites. Le silence parfois est l'élégance de la pudeur.
La force nous rend vains. La fragilité nous élève.
Si, pour l'homme pressé, tout arbre n'est qu'un représentant anonyme de son espèce, pour le mystique il est unique car nimbé d'une valeur sacrée.
De l'infiniment proche à la sierra lointaine, tu ne sais où poser les yeux, tant chaque chose en toi rayonne de présence. Ainsi navigue la pensée, du plus humble pied de lavande au feu des neiges éternelles.
Si la clarté pouvait dissoudre la souffrance quel mal résisterait aux neiges éternelles ?
Le sourire des miséreux m'est plus cher que la compassion des nantis.
TIEDEUR DU VENT
Sous l'arbre éternel assoupi
S'élèvent quelques notes brèves
Une guitare entre les doigts
Un jeune homme enflamme l'azur
Et le vent tiède peu à peu
Se prend à rêver de fontaines
La rumeur de la mer lointaine
Eveille en lui comme un désir
L'heure fugace est une femme
Et l'air embaume le jasmin
Sous l'arbre éternel immobile
Glisse l'ombre aveugle du temps
Luis Porquet
Je connais Luis Porquet depuis bien longtemps... une trentaine d'années...
Ensemble, nous avons partagé beaucoup de choses et surtout, nous avons eu deux filles superbes !
Poète, journaliste, critique d'art..., il est aussi l'un des membres du 22, rue des Poètes.
Voici une brassée de haïku cueillis dans les jardins de Giverny (Eure) à chaque saison par Martial Maynadier et les membres du P.A.R.C (Pont des Arts et des Rencontres Culturelles), association ébroïcienne tournée vers la poésie (notamment celle de la maman de Martial, Blanche Maynadier), mais aussi vers la démarche d'écrire en groupe, en atelier d'écriture. D'abord "Giverny d'automne", puis hiver, printemps et été...
Ginko biloba
Mille écus en feuilles d'or
Fortune magique
Claudine Splingart
Instants suspendus...
Un coussin. Monsieur chat rêve
Hymne à la paresse
Je passai trop vite
Le rosier, en représailles,
Jeta son parfum
Marie-Claude Robichon
L'une après l'autre,
Les feuilles fatiguées
Se sont étendues
Sur le sol automnal
Martial Geslin
Calme végétal
Invasion dombres lentes
Entre chien et loup
Chemin de bambous
Je m'avance entre deux eaux
Tout en écrivant
Ginko biloba
A l'entrée de la boutique
Versant ses écus
Martial Maynadier
Octobre la rousse
Dans l'orange du soir
Tristes bambous
Sur la branche dénudée
Frêle mésange bleue
Dernière fleur d'octobre
Sylvie Geslin
Amandier rose égaré
Passe un pic-vert
Jaune
Michelle Chevalier
Froid matin d'hiver
Le vieux chêne se déploie
Dans son manteau de lierre
Martial Geslin
Amandiers en fleurs
Myriades d'étoiles roses
Offrande à l'azur
Oeillets de poète
Rose doux rouge foncé
Ne pas oublier
Visiteurs aveugles
Couple de pigeons gênés
Rançon du succès
Eclats mauves et blancs
Petits morceaux de faïence
Juliennes des jardins
Pivoine délice
Coupe pleine de rosée
Baignoire calice
Claudine Splingart
Grappe de touristes
Sur le pont japonais
Glycine en pleurs
Michelle Chevalier
Corolles offertes
Quelques gouttes de rosée
Dans un vase éphémère
Parchemin fané
La robe des iris
Au coin de l'allée
Sylvie Geslin
Tapis d'impatiences
Au pays du matin calme
Reflets dans l'étang
Claudine Splingart
La rose de Chine
Sur sa pirogue argentée
En robe de soie
Les ombres dérivent
Sur la scène de l'étang
Blancs les nénuphars
Sylvie Geslin
Je ne vous présente plus Delphine Toutain qui fait partie de l'atelier régulier et qui a également rejoint l'atelier consacré aux violences sexistes en 2010 à la médiathèque d'Elbeuf, et aussi celui de 2011. Voici un poème qu'elle nous offre :
Dés le début du printemps,
Les jours rallongent doucement
et l'on peut profiter des belles soirées
sous la lumière du ciel étoilé
La douceur, à l'extérieur,
réchauffe nos coeurs
Le soleil pointe son nez
et pour nous, c'est déjà l'été !
J'ai rencontré Thérèse-Harmonia Messidor grâce au net : elle cherchait à partager écriture, lecture, les mots et l'amitié... Elle entretient elle aussi un blog voué à la poésie dont elle s'occupe soigneusement depuis plusieurs années et qui lui prend beaucoup de temps... Vous pourrez y accéder par les liens partenaires de ce blog. L'amitié est née spontanément entre nous. Bien qu'elle partage son temps entre le Gard et la Haute-Normandie, nous nous voyons régulièrement et elle fait partie du 22, rue des Poètes.
Voici pour vous deux textes d'Harmonia piochés sur son blog, justement, lus par moi en sa présence en juin dernier, lors de la réunion des "22" :
Par pudeur, discrétion ou orgueil, on tait ses sentiments. Alors, le temps passe... et un jour, il est trop tard. Le livre de la vie s'est fermé à tout jamais, sans avoir révélé à ceux que l'on aimait qu'on les aimait, laissant dans le coeur amertume et regrets...
Et ce poème qui pointe du doigt un machisme qui n'a jamais rien perdu de sa virulence... quoi qu'on en dise !
Depuis longtemps Aldo
Jouait les machos
Toutes les poules et poulettes
En avaient ras la casquette !
Elles pondaient, Aldo chantait
Elles couvaient, Aldo paradait
Elles s'occupaient des loupiots
Et Aldo faisait le beau !
Fini, mes petites cocottes
D'être prises pour des idiotes
Adieu, Grand Manitou
Tu n'es plus dans le coup !
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